- TEMPS RÉEL
- TEMPS RÉELTEMPS RÉELLe travail de l’ordinateur en «temps réel» trouve ses applications les plus importantes dans le contrôle des processus industriels et dans la gestion de l’entreprise. Dans le premier cas, le délai de réponse exigible varie considérablement en fonction de la dynamique caractéristique de chaque processus et des marges de fluctuation tolérables des paramètres contrôlés. Ainsi, le contrôle du cœur d’un réacteur nucléaire nécessitera un délai de réaction de quelques dizaines de millisecondes, alors qu’un délai de réponse de plusieurs minutes sera acceptable lorsqu’il s’agira de piloter le fonctionnement d’une usine de pâte à papier. Les systèmes de contrôle en temps réel des processus industriels ne sont pas nécessairement entièrement automatisés. L’intervention d’opérateurs humains joue fréquemment un rôle essentiel, soit qu’elle permette des solutions moins onéreuses et/ou plus efficaces, soit qu’elle se révèle indispensable (mise en œuvre de procédures non formalisables ou d’heuristiques, exploitation du savoir-faire, maintien du niveau de vigilance).Les systèmes de réservation des compagnies aériennes et les systèmes de gestion de stocks en temps réel sont deux exemples d’applications qui relèvent d’une généralisation à l’usage de la conduite des organisations de la notion de contrôle cybernétique. Poussée à l’extrême, cette généralisation a donné corps à une utopie assez répandue entre 1965 et 1970 et qui envisageait, notamment aux États-Unis sous le nom de management information systems (M.I.S.), la conduite des organisations par des systèmes en temps réel totalement intégrés et entièrement automatisés. Dans la pratique, l’intégration demeure partielle, mais elle peut être assez poussée (par exemple, raccrochement d’un système de facturation et d’une comptabilité générale et analytique en temps réel aux systèmes évoqués ci-dessus) tout en demeurant limitée tout d’abord par des contraintes d’ordre technique et économique, ensuite par l’impossibilité, à partir d’un certain niveau de complexité, de spécifier sous forme d’algorithmes ou de simuler sous forme analogique les processus de décision dans l’organisation.Outre les systèmes déjà mentionnés visant à fournir à des opérateurs humains des éléments en vue de la prise de décision, les systèmes en temps réel peuvent jouer un rôle essentiel dans la préparation des décisions en fournissant les bases de données et les moyens de calcul nécessaires pour analyser les différentes stratégies et tactiques envisagées. Le recours au temps réel ne s’impose pas alors en raison de l’urgence des décisions, mais parce qu’il permet d’avoir des délais de réponse brefs n’entraînant pas de solutions de continuité dans le déroulement des processus psychologiques des preneurs de décision. Si cette condition, parmi d’autres, est remplie, on a alors constitué des hybrides hommes-systèmes plus efficaces que les preneurs de décision traditionnels. Le temps réel a ainsi ouvert la voie à l’utilisation plus efficace de l’informatique et de la recherche opérationnelle au service de la gestion des organisations.Jusqu’en 1970 environ, la réalisation de systèmes en temps réel supposait, le plus souvent, la mise en œuvre de moyens informatiques très importants, avec pour corollaire une limitation du nombre des applications envisageables. L’avènement de la micro-informatique a rendu possible la généralisation du temps réel dans ses deux emplois actuellement les plus importants: le pilotage des processus industriels et la gestion des entreprises. Dans ce dernier domaine, la micro-informatique a permis des réalisations mieux adaptées aux besoins réels, compatibles avec les exigences d’une décentralisation effective et conduisant, par le biais de la modularité, à des solutions souples et évolutives. La mise en place d’une hiérarchie de systèmes en temps réel au moyen de micro-ordinateurs permet d’éviter les problèmes techniques très complexes que soulèverait la mise en œuvre d’un système global équivalent sur un ordinateur de taille importante. Ainsi, les gros ordinateurs ne seront plus utilisés que pour les applications qui requièrent la coordination et la manipulation d’un très grand nombre de données en faisant appel à des moyens de calcul importants. Quant à la centralisation des données par de gros ordinateurs, elle a disparu au profit de la mise en place de hiérarchies de banques de données décentralisées et interconnectées répondant mieux aux exigences croissantes en matière d’efficacité et de sécurité.
Encyclopédie Universelle. 2012.